Instituto Cervantes, Rabat, Maroc.

Pile ou face Cara o Cruz. La monnaie saute en l’air et le coq dans la cour. Cara o Cruz. Deux lutteurs à la recherche d’une victoire. Aime-moi ou tue-moi. Au Mexique, arène de quatre-vingt-dix millions de spectateurs, se célèbre à chaque jour une corrida mortelle, entre un passé millénaire et un présent plus qu’incertain. Cara, vivre en communion avec le ciel et la terre, sur la frontière entre la dignité et le respect de la nature, visages austères et regards profonds, fiers d’un passé chargé de prédictions. Cruz, les illusions éphémères de carton-pâte, naïves et irréelles, et les néons de la nuit, pervers et palpables. Entre l’autochtone et le blanc panaméricain. Cara, les indiens et leur silence enfoui. Cruz, le locataire étranger, Cortez ou De las Casas : deux mains, toujours deux mains, une inflige, l’autre panse. Cara, un passé comme une relique vivante, messagère d’une connaissance éternelle, pour notre fortune et son malheur. Cruz, un présent contradictoire et fragile. Cara, le peyotl païen, qui monte et descend de la fleur au fruit du labeur. Cruz, l’Église catholique, fumée de cire et de cimetière. Chaque nouveau jour, deux Mexiques se lancent à la poursuite d’une réponse unique. 

Mario Gomez del Estal, avril 1995

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.